On a vu que le stress[1]Défini par Christiane Wolf comme « tension ou contrainte émotionnelle ou physiologique, résultant de circonstances défavorables » peut avoir des sources extérieures (une voiture qui manque de nous rouler dessus, des partiels, un conflit avec une amie ou un membre de la famille…) et intérieures (nos pensées qui racontent des histoires, et notre système qui réagit à un scénario imaginaire). La frontière entre les deux est pourtant arbitraire : le stress a une dimension personnelle et subjective. Pour certaines personnes regarder un film d’horreur est relaxant et pour d’autres stressants, pour une même personne des partiels peuvent être stressants ou stimulants. C’est notre réaction au stresseur qui vient déterminer notre expérience.
Nous avons cependant un cablage en commun : le biais de négativité, la « tendance à accorder plus d’importance aux expériences négatives que positives ». Si on reçoit 10 compliments pour une performance et une critique, c’est souvent à la critique qu’on pense quand on s’endort le soir… Ce biais a une utilité évolutionnaire : si on est dans la savane, qu’un buisson bouge, que c’est une proie et qu’on la manque, on ré-essaiera demain. Si c’est un tigre et qu’on le manque, il n’y aura pas de lendemain. Donc notre cerveau nous dit que c’est un tigre, nous somme cablés pour remarquer disproportionnellement le négatif.[2]Rozin, P., & Royzman, E. B. (2001). Negativity bias, negativity dominance, and contagion.
Notre esprit est comme du velcro pour le négatif, du teflon pour le positif – Rick Hanson
🧘 La pleine conscience vient nous faire ré-équilibrer notre vision en remarquant intentionnellement le positif dans notre expérience – elle vient contrer le biais de négativité.[3]Kiken, L. G., & Shook, N. J. (2011). Looking up: Mindfulness increases positive judgments and reduces negativity bias Nous avons vu la pratique formelle de remarquer le positif : quand il y a de l’inconfort ou de la tension, remarquer qu’il y a de nombreuses dimensions de notre expérience qui vont très bien. Si j’ai mal au ventre, je peux remarquer les sensations dans mes pieds, mes jambes, ma tête, mes mains qui ne sont pas douloureuses. Ces sensations sont subtiles, et en même temps source de profond ressourcement.
Si j’ai une rage de dent qui s’est terminée récemment, je me découvre une appréciation profonde pour les sensations « banales » de dents qui ne font pas souffrir, que j’ignorais avant.
Est-ce qu’on voudrait ne jamais ressentir de stress ? Non ! Le stress est une réaction physiologique stimulante qui peut être utile et même très plaisante. Le rythme cardiaque s’accélère, de l’adrénaline est relachée, les pupilles se dilatent, la digestion ralentit, le système sympathique s’active… Vous avez déjà fait l’expérience excitante d’être dans une situation challengeante, de vous donner à fond et d’en sortir fier·e de vous et épanoui·e. Il s’agit du bon stress, l’eustress, contrairement au stress qui nous déborde, la détresse.
En tant qu’humain·e, il n’est de toute façon pas possible de ne jamais être confronté au stress. Notre pratique est d’apprendre à travailler avec sainement. Victor Frankl, neurologue, psychiatre et rescapé de camp de concentration, écrivait : « Entre le stimulus et la réponse se trouve un espace. C’est là que notre liberté se trouve ». C’est la pratique de la pleine conscience, qui nous sort du pilote automatique.
Je ne peux pas contrôler ce qui m’arrive, mais je peux contrôler comment j’y réagis. – Victor Frankl
Alors, comment répondre à du stress ? Commencez par reconnaitre les marqueurs de stress chez vous. Dans une situation stressante, quels sont les sensations physiques, les émotions, les pensées qui vous traversent ? Quel est votre mode de réaction par défaut ? Si vous aviez plus de ressources, comment pourriez-vous répondre plus sainement, sortir de la réaction automatique pour aller vers la réponse ?
Découper les différentes composantes de votre expérience peut aider. Sans clarté, le stress est une grosse boule indéfinie, qui nous déborde. C’est comme si les dimensions inconfortables de notre expérience se multipliaient pour devenir énormes – si on les sépare elles ne font plus que s’additionner. Peut-être que je ne peux pas être avec mon stress comme grosse boule, mais si je découpe l’expérience avec suffisamment de finesse, je peux être avec cette sensation de contraction dans ma poitrine – c’est juste une sensation de contraction. On découpe ainsi l’expérience en petites bouchées digestibles.
La méthode STOP peut être un soutien à sortir du pilote automatique:
- S – Stopper ce qu’on fait. Sortir de la réaction automatique, s’offrir un instant de pause.
- T – Trouver son souffle. Cette inspiration, cette expiration, on s’ancre dans le présent.
- O – Observer son expérience. Quelles sont les sensations physiques – pression, contraction, espace – et où ? Quelles pensées, et pouvez-vous remarquer que les pensées ne sont pas des faits ? Quelles émotions ?
P – Poursuivre votre journée, en accord avec vos valeurs. Vous sortez de la réaction pour aller vers la réponse.
References
↑1 | Défini par Christiane Wolf comme « tension ou contrainte émotionnelle ou physiologique, résultant de circonstances défavorables » |
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↑2 | Rozin, P., & Royzman, E. B. (2001). Negativity bias, negativity dominance, and contagion. |
↑3 | Kiken, L. G., & Shook, N. J. (2011). Looking up: Mindfulness increases positive judgments and reduces negativity bias |