La méditation de la montagne
Nous avons vu la méditation de la montagne : la montagne est massive, ancrée, superbe, et reste immuable au travers des éléments qui viennent la traverser. Le vent, la neige, l’opinion des touristes extasiés ou déçus, les nuages et le soleil, toutes les saisons – la montagne reste simplement assise, imperturbablement elle-même.
En invitant la montagne dans notre corps et notre posture nous invitons ses qualités, ouvert·es et ancré·es au milieu du changement.
La résilience
La résilience est notre capacité à soutenir le stress et à rebondir des difficultés. Elle n’est pas vivre une vie sans challenge – dans une vie humaine, tout le monde en vivra !
L’APA souligne [1]Dans cet article de 2014, en anglais.: « La recherche a démontré que la résilience est ordinaire, et non extraordinaire. Les gens font couramment preuve de résilience. Être résilient ne signifie pas qu’une personne ne connaît pas de difficultés ou de détresse. […] La résilience n’est pas un trait que certains possèdent et d’autres non. Elle implique des comportements, des pensées et des actions qui peuvent être appris et développés par chacun. »
En d’autres termes, elle peut se cultiver ! Plusieurs des stratégies de résilience listées sont en lien direct avec la pleine conscience, comme:
- accepter que le changement est inévitable et fait partie de l’existence
- cultiver une vision positive de soi-même
- créer et maintenir des liens
- garder une perspective permettant de voir les crises comme nous challengeant à grandir plutôt que des problèmes insurmontables
- prendre soin de soi et du corps
Pratique informelle : jeter l’ancre
Utile pour « jeter l’ancre » en cas d’activation émotionnelle ou de débordement, cette pratique vient nous permettre de sortir d’une vision tunnel et réaliser que même avec cette émotion présente, nous sommes toujours libre de bouger et d’agir.
Elle se fait en trois étapes :
- Nommer l’émotion ou les sensations présentes (« ce que je vis maintenant, c’est une expérience d’anxiété forte »)
- Bouger son corps et le mettre en mouvement – étirant ses bras, marchant, pressant une main contre l’autre, tournant les épaules…
Tandis que vous bougez prêtez particulièrement attention au fait réel que vous n’êtes pas coincé·e ni figé·e, vous êtes libre de bouger. - Connecter à l’environnement les yeux ouverts pour équilibrer l’attention qui peut s’hyper-focaliser sur l’intérieur.
- Quels sons entendez-vous ? Quels sons proches, et quels sons lointains ?
- Quelles couleurs pouvez-vous nommer dans votre environnement ?
- Quelles textures pouvez-vous nommer dans votre environnement ?
L’objectif de jeter l’ancre n’est pas de faire disparaitre l’émotion difficile. L’émotion peut être toujours là, mais l’ancre est jetée et vous pouvez vivre et bouger tout en ressentant cette émotion.
IFS – Internal Family System
L’IFS est un style de thérapie développé par Richard Schwartz qui gagne beaucoup en popularité et est très compatible avec la pratique de pleine conscience.
Il adopte un point de vue de travail original qui invite à considérer que nous avons plusieurs parts à l’intérieur de nous qui ont chacune des perspectives, besoins, ressentis et personnalités différentes. Un exemple parlant peut être les moments d’ambivalence : une part de vous veut parler en réunion et a envie de partager vos idées, tandis qu’une autre part à peur d’être rejetée. Ou bien une part souhaite se mettre au sport pour une envie de santé, tandis qu’une autre a peur de l’inconfort ou de l’échec.
Adopter ce point de vue de travail vient faciliter une posture de soutien et de compassion envers nous-même et nos parts.
Illustration : Si on prend pour exemple une anxiété sociale qui nous empêcherait de rentrer en lien, une approche « naive » peut être d’avoir de la rancoeur et du jugement envers ce ressenti d’anxiété qui nous entrave. Si seulement l’anxiété n’était pas là !
Une approche IFS peut être d’aller dans le corps avec curiosité, sentir où sont les sensations de cette anxiété. Et demander, quelle est la peur, quelle est l’émotion ou le besoin ? Peut être qu’on réalise qu’il y a un endroit de nous qui a très peur que nous soyons visible pour les autres, de peur d’être rejeté et exclus. Notre attitude peut alors être celle de la compassion envers cet endroit où cette part (« bien sûr que ça fait peur, je comprends complètement ! »). Notre rapport à l’anxiété devient alors un rapport de soutien envers elle plutot que de rejet.
Protocole des partenaires de RAIN
Pour rappel, la pratique de RAIN :
- Reconnaitre qu’il y a une émotions chargée de présente
- Autoriser notre esprit à ressentir l’émotion (plutot que de refuser son existence)
- Investiguer l’expérience de l’émotion dans le présent
- Nourrir l’endroit qui s’exprime par cette émotion en lui apportant une présence bienveillante, sans condition
- Après la pluie: cesser tout effort et passer en mode être
Elle peut se faire avec un·e partenaire :
- Commencer par se connecter en silence chacun·e de son coté à une situation difficile
- Puis prendre 2 à 3 minutes chacun·e pour partager les émotions principales et sensations qui sont activées – attention, sans se perdre dans l’histoire de la situation. Il n’est même pas obligatoire de donner des faits, ce sont les ressentis qui nous intéressent
- Revenir en silence et pratiquer RAIN individuellement
- A la fin, avoir un nouveau un temps de partage de 2 à 3 min chacun·e pour répondre à ces deux questions :
- qu’est-ce qui était difficile dans ma pratique ?
- qu’est-ce que j’ai expérimenté ou compris dont je veux me souvenir ?
References
↑1 | Dans cet article de 2014, en anglais. |
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