J’ai récemment vu passer le lien d’un forum en ligne dont le slogan était “Méditation : l’art de ne rien faire”. C’est une formule que je vois souvent mal comprise, et j’ai envie de clarifier vers quoi elle pointe. Elle peut donner l’impression que la méditation c’est l’art de perdre son temps, or ça n’est pas du tout ça !
La posture de la pleine conscience est d’observer notre expérience présente sans chercher à la manipuler. C’est une posture différente de notre posture par défaut qui croit, si on regarde de près, que si je ne fais pas quelque chose d’instant en instant tout va s’effondrer. Si je ne stresse pas pour ma présentation de demain ça va mal se passer, si je n’entretiens pas mon émotion de tristesse je ne serai plus vraiment moi, si je ne m’accroche pas à ce sentiment amoureux que je sens maintenant je le perdrai et ma relation se terminera…
C’est un élan de contrôle, une crispation de la part de mon sens d’être moi, qui vient solidifier temporairement mon identité. C’est un effort de tous les instants et c’est fatigant !
Dans la méditation de pleine conscience on vient relâcher cette saisie, cette impression de “je fais”, en accueillant notre expérience telle qu’elle est. Et on découvre que tout ne s’effondre pas. Nos émotions continuent d’exister et de changer, nos pensées et nos identités aussi. On découvre que notre crispation intérieure n’était en fait pas nécessaire, et on laisse à la nature la responsabilité de faire évoluer nos pensées et nos émotions en suivant nos valeurs, plutôt que de prendre la charge d’essayer de le faire nous-même.
C’est en ce sens que la méditation est “l’art de rien faire”, c’est ce mouvement de contrôle qui se détend. Ça ne veut pas dire qu’il ne se passe rien ! D’abord parce que notre expérience continue de se dérouler naturellement dans tous les cas, et puis parce que ce relâchement même la laisse couler avec plus de fluidité.
A un autre niveau de lecture on pourrait dire qu’on “fait” de la méditation, simplement ce “faire” est un mouvement de relâchement qui ne vient pas d’une envie de contrôle. L’image est celle d’une main crispée qui se détend pour en dévoiler la paume. C’est la sagesse qui permet d’agir depuis un endroit de flot, où on laisse la nature faire le travail à notre place.